Faut-il changer le système de l’intérieur ou agir de l’extérieur pour créer un nouveau modèle ? Vous aussi, vous avez déjà dû voir cette question et peut-être vous la poser ! 

Dans cet article, je propose un pas de côté en détournant cette question pour évoquer l’articulation des dimensions individuelle et collective dans le changement. 

Intégrer les enjeux environnementaux et sociaux : une sensibilisation collective et une appropriation individuelle

En abordant le rôle des éco-émotions dans la transition, il est intéressant de voir que plusieurs références sont basées sur une courbe similaire à celle du deuil.

Par exemple, la Spirale du Travail qui Relie de Joanna Macy se compose en 4 étapes :

  • Commencer par affirmer la gratitude
  • Reconnaître et honorer notre douleur pour le monde
  • Voir avec des yeux neufs
  • Passer à l’action pour aller de l’avant

Cette spirale nous invite à vivre la transition de l’intérieur pour pouvoir contribuer au Changement de cap, en “se posant des questions plus profondes”.

L’initiative The Week de Frédéric Laloux et Hélène Gerin s’appuie aussi sur un parcours en U avec 3 documentaires :

  • Episode 1 : affronter les constats environnementaux actuels
  • Episode 2 : comprendre les causes et les origines
  • Episode 3 : se concentrer sur les pistes d’actions
Le Travail qui Relie et The Week : deux processus en “U”

Pour cela, l’accompagnement à la transition passe par une sensibilisation collective aux enjeux environnementaux, et aussi une appropriation individuelle pour “digérer” les constats et les émotions qui en découlent afin de passer à l’action. 

Questionner l’intention et l’utilité de nos projets

Une fois cette prise de conscience ancrée en soi, notre regard sur la société va évoluer. A ce moment là, on se pose souvent la question du “faire” :

Quels engagements prendre, quelles habitudes changer, quels modes de vie adopter ?

Mon invitation est aussi de penser à “être” :

En ayant pris conscience des enjeux environnementaux, quelle personne je souhaite devenir ? 

La transition est une opportunité de mieux se connaître et d’évoluer en profondeur… comme une “renaissance”. 

En se posant cette question, il est plus facile de trouver notre intention et notre place dans la transition. Il existe tellement de manières de s’engager ! Et je pense qu’il n’y en a pas une meilleure que les autres, à partir du moment où vous vous sentez aligné et que vos engagements sont utiles et positifs pour les autres et le vivant. Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du système 😉

Et finalement c’est pareil pour les entreprises ! Avec la raison d’être, les entreprises définissent le sens profond de leurs activités et affirment leur utilité pour la société

Changer nos représentations pour faire évoluer le système

Et si finalement le système, c’était nous ? C’est-à-dire les histoires que l’on se raconte et les normes que l’on suit, même si elles sont absurdes et qu’elles contribuent aux dérèglements environnementaux. Et pour les entreprises, ce sont les pratiques que l’on accepte et que l’on reproduit, en tant que collaborateurs ou consommateurs.

La dimension individuelle de la transition est parfois considérée comme inefficace ou culpabilisante. Pour moi, elle est plutôt un levier pour favoriser les changements collectifs. C’est également une façon de retrouver notre pouvoir d’agir et multiplier nos impacts, si elle est couplée à la dimension collective bien entendu.

En me renseignant sur le rôle des récits dans la transition, j’ai de plus en plus la sensation que nous ne sommes pas obligés de subir un système qui ne contribue pas à la préservation du vivant. Loin de moi l’idée de nier la complexité et la hauteur des enjeux actuels, mais je crois à la puissance de la bascule des mentalités et ainsi des comportements individuels et collectifs. Nous pouvons changer notre représentation de la réussite, du statut, du bonheur…. de notre vie !

Incarner de nouveaux modèles, individuellement et collectivement

Nous pouvons incarner de nouveaux modèles pour favoriser la transition. De manière individuelle, cela passe notamment par la posture : apprendre à coopérer et écouter, connaître et exprimer ses besoins, laisser une juste place à nos émotions, reconsidérer le vivant… 

Faire évoluer les organisations de l’intérieur prend alors tout son (ses !) sens. Un principe clé m’avait marqué dans le MOOC Gouvernance Partagée de l’Université des Colibris et l’Université du Nous que j’ai suivi en 2017 : travailler sur son “je” pour créer le “nous”. Avec des “je” alignés et épanouis, des transformations peuvent avoir lieu dans les collectifs : un climat de confiance, un dialogue de qualité, de nouvelles idées…

Comme toujours sur ces sujets de transition, l’enjeu est de trouver l’équilibre : un équilibre entre ces dimensions individuelle / collective et intérieure / extérieure. Et de se faire confiance pour trouver sa juste place dans cette transition 😉