En tant qu’exploratrice des nouveaux imaginaires et passionnée de lecture, je suis en quête de romans qui nous questionnent sur notre rapport au monde et au vivant. Voici une sélection de livres qui m’ont fait grandir et m’inspirent en nouveaux récits, bonne découverte !

Des romans qui véhiculent de nouveaux récits
Il existe des romans passionnants où les auteurs et autrices nous aident à nous projeter dans des futurs souhaitables et illustrent la lutte des imaginaires. En voici quelques uns !
Les Furtifs d’Alain Damasio
Les Furtifs est l’une des lectures qui m’a le plus marquée, par la diversité des thématiques abordées en un seul récit autour d’une nouvelle espèce de « furtifs » :
– Notre lien au vivant, en lien avec la philosophie de Baptiste Morizot et notamment de son ouvrage « Manières d’être vivant »
– Le rôle des technologies et le risque d’une société de contrôle
– L’égalité des chances et la justice sociale
– La transmissions des savoirs et l’éducation populaire
– La gouvernance des collectifs et les prises de décision partagée
C’est aussi une ode aux rythmes et aux mouvements par le style littéraire hors norme et le vaste univers d’Alain Damasio.
L’arbre-monde de Richard Powers
L’Arbre-monde est une référence pour beaucoup d’acteurs de la transition. Dans ce roman, Richard Powers explore nos liens aux arbres, plus largement au vivant, et entre nous. On suit la vie de 9 personnages, qui vont avoir un destin commun autour de la préservation de l’environnement. Une œuvre captivante qui nous fait changer de regard sur les arbres et véhiculent de nouveaux récits !
Sidérations de Richard Powers
Après L’arbre-monde, Richard Powers continue à nous faire cheminer notre perception du monde et du vivant avec cette incroyable œuvre Sidérations. Ce roman porte bien son nom car il peut bousculer, mais le message en vaut la peine ! A travers une relation touchante entre un père et son fils de 9 ans, l’auteur aborde notre responsabilité sur la préservation des autres espèces, notre place dans l’univers et notre avenir.
Un jeu sans fin de Richard Powers
Ce livre m’a tout de suite appelée, déjà par sa couverture colorée avec une raie manta, et aussi parce que j’aime beaucoup les univers poussés de Richard Powers. Ce roman m’a fasciné par son sublime tissage d’histoires et de thèmes, mêlant la poésie, l’art du jeu, la science, l’écologie, les réflexions autour de l’IA… C’est encore un livre polyphonique (mes préférés !l), avec une océanographe, une artiste et deux étudiants brillants.
J’ai été particulièrement passionnée par les parties autour de la vie marine : une très belle immersion avec des passages qui m’ont fait penser aux travaux de Vinciane Despret sur les comportements des animaux. Pour résumer, je suis admirative de la complexité de ce roman et par sa fin, je n’en dis pas plus. J’espère qu’il connaîtra le même succès que l’Arbre-Monde !
Les Déliés de Sandrine Roudaut
Sandrine et Yannick Roudaut ont co-fondé en La Mer Salée en 2013, une « maison d’édition semeuse d’utopies, pour un monde audacieux, respectueux des êtres et du vivant« . Après avoir publié 2 essais sur les utopies, elle a ensuite écrit son premier roman d’anticipation.
Les Déliés raconte « l’histoire d’un monde qui bascule » dans un futur proche, avec 5 actrices du changement.
Ce récit est une belle manière de promouvoir des utopies. En effet, il y a de nombreuses bonnes idées pour faire émerger une nouvelle société ! J’ai aussi adoré les différents temps de débats sur des questionnements clés de la transition. Par exemple, des personnages confrontent leur point du vue sur le changement du système à l’intérieur ou l’extérieur.
La part cachée du monde d’Eve Gabrielle
Écrit par Eve Gabrielle, le roman La Part cachée du monde a également été publié à La Mer Salée.
Avec une France déchirée en deux, l’autrice parvient brillamment à montrer deux visions possibles du futur : une société du contrôle et de la technologie et une autre société frugale et respectueuse du vivant. J’ai eu beaucoup d’attachement pour les 2 personnages principaux, Sienne, 17 ans, et son petit frère Vincent, 15 ans. C’est un livre que je conseille vivement sur la thématique des nouveaux imaginaires !
Ecotopia de Ernest Callenbach
Écrit en 1975, Ecotopia présente une nouvelle société à la recherche d’un meilleur équilibre avec son environnement. Le protagoniste William Weston, un journaliste, y décrit différents aspects de la société dans des articles de presse : l’organisation du pouvoir, l’éducation, le logement, les loisirs… Le lecteur est aussi témoin de son cheminement intérieur à travers son journal intime.
Le Ministère du Futur de Kim Stanley Robinson
Le Ministère du Futur est un roman de science fiction ambitieux autour d’une instance qui représente les générations futures. Kim Stanley Robinson réussit le pari d’imaginer un futur proche impacté par le changement climatique et la transformation progressive du monde pour s’adapter : le système économique, l’organisation géopolitique, les solutions proposées… J’ai été impressionnée par les idées développées, même si je ne me sens pas alignée avec toutes les approches. J’aurais aimé plus de détails sur le lien au vivant et le changement profond des mentalités, mais l’angle choisi est intéressant aussi. C’est un livre qui m’a nourri dans mes propres projections du futur et dans mes réflexions sur le système. Le style littéraire est remarquable aussi, avec des chapitres très variés et un grand travail de recherche. Préparez pour un long voyage qui nous fait vivre des tas d’émotions, nous questionne et nous inspire !
Paresse pour tous et La vie est à nous d’Hadrien Klent
J’ai lu ces deux romans d’Hadrien Klent dans le cadre de mes recherches sur le rapport au temps. Et ça m’a ouvert de nombreux possibles pour imaginer une société différente, et aussi ma propre vie ! Et si on réduisait le temps de travail à 15h par semaine ? Comment la société pourrait évoluer ? Et quels seraient les freins et les leviers ? Voici la belle promesse de Paresse pour tous, complété par sa suite La vie est à nous qui va plus loin sur les sujets démocratiques !
Révolution Bleue : la Petite Princesse de Jean-Pierre Goux
Description à venir
Des romans qui nous embarquent en immersion dans le vivant
Il y a aussi des récits qui nous marquent par leur capacité à nous donner envie de créer plus de lien avec le vivant.
Là où le feu et l’ours de Corinne Morel Darleux
Autrice du célèbre essai Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce, Corinne Morel Darleux a également écrit plusieurs romans. Le 1er s’intitule « Là ou le feu et l’ours« . Ce livre raconte l’histoire d’une jeune femme et un ours, à travers la steppe puis dans l’Oasis.
J’ai adoré la partie qui se déroule dans l’Oasis, avec des descriptions fascinantes qui nous aident à plonger à 100% dans cet univers !
A la fin du roman, l’autrice explique ses réflexions et les symboliques dans une partie « coulisses ». Encore une belle illustration de la force des romans pour nous questionner !
La Sauvagière de Corinne Morel Darleux
Le deuxième roman de Corinne Morel Darleux, La Sauvagière, a la même puissance d’immersion. J’ai trouvé que les descriptions étaient tellement intenses que c’est un roman qui m’a même perturbé !
Ce roman est décrit comme une « fable onirique » qui se déroule dans une maison en pleine forêt, isolée de la civilisation mais en contact avec d’autres vies…
Là où chantent les écrevisses de Delia Owens
Je conseille aussi le roman Là où chantent les écrevisses de la zoologiste Delia Owens, qui est plus connu. C’est une histoire dure, saisissante, et un bel hommage au vivant ! Je n’en dis pas plus, c’est clairement une lecture qui marque.
Les Printemps Sauvages de Douna Loup
Ce roman est une invitation à vivre en extérieur, à explorer de nouveaux univers avec la jeune héroïne et sa mère. Je l’ai particulièrement aimé pour la beauté des phrases, et notamment de la dernière partie.
Le Dernier des siens de Sybille Grimbert
Ce roman traite d’une manière sensible la crise de la biodiversité et notamment de la disparition d’une espèce à cause des activités humaines. C’est le récit d’un lien fort entre un scientifique et un grand pingouin. Au départ objet d’étude, l’animal devient un être à part entière, un compagnon de vie, mais malheureusement aussi le dernier spécimen de son espèce. Cette disparition se passe dans la plus grande indifférence des êtres humains, à part le chercheur qui fait ce dur constat et s’interroge sur sa relation avec cet animal.
Fais battre ton tambour de Louise Browaeys
Dans ce roman, les héros sont des consultants sur les transitions qui décident de sortir du système et vivre en forêt ! J’ai adoré les suivre dans leur évolution et j’en ressors moi-même transformée.
Croire aux fauves de Nastassja Martin
Croire aux fauves est une histoire saisissante de la « rencontre » entre l’anthropologue et un ours dans les montagnes du Kamtchatka. Nastassja retrace sa survie et sa reconstruction, en détaillant d’une manière sensible nos liens au vivant et les représentations animistes qu’elle étudie. Ce récit marque par la démarche d’écriture pour se reconstruire et la description de son sentiment de faire partie d’un entre-monde.
Son odeur après la pluie de Cédric Sapin-Defour
Ce récit est une histoire d’amour pleine d’émotions entre l’auteur et son chien Ubac, qui nous rappelle nos merveilleuses relations avec les animaux. Je comprends son succès !
Et vous passerez comme des vents fous de Clara Arnaud
J’ai eu de la chance de participer à un atelier d’écriture avec l’autrice Clara Arnaud lors de l’excellent festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo. Sa démarche d’écriture et les thèmes abordés m’ont motivé à lire son roman « Et vous passerez comme des vents fous ». En s’appuyant sur de nombreuses recherches, elle nous projette dans une vallée pyrénéenne avec le regard de trois personnages qui ont tous un lien avec l’ours. J’ai aimé les divergences de points de vue et d’enjeux autour de cet animal, ça m’a d’ailleurs fait penser à un chapitre sur le loup dans l’incroyable « Manières d’être vivants » de Baptiste Morizot.
Dans la forêt et Le temps d’après de Jean Hegland
Je dois avouer que j’ai décroché à ma première lecture… En effet, le début me faisait ressentir trop d’éco-anxiété par le contexte d’effondrement et la solitude des deux sœurs protagonistes. Puis j’ai retenté une seconde fois, encouragée par plusieurs personnes qui ont été marquées par cette lecture. Et j’en suis heureuse car c’est effectivement un grand roman ! Je retiens notamment la capacité à faire partie de la forêt et à apprendre à vivre avec tous ses habitants, sans édulcorer les difficultés. J’ai aussi adoré retrouver de nombreuses notions autour de l’herboristerie.
Le temps d’après est la suite du récit 15 ans plus tard à travers le regard de Burl, l’enfant né dans la forêt. Jean Hegland décrit de nouveau la vie dans la forêt, avec de belles descriptions de ses caractéristiques et des liens avec tous les vivants. L’histoire se construit autour de la curiosité de Burl, qui s’interroge sur les autres humains. Ce livre m’a un peu bousculée sur notre lien aux générations futures, mais m’a moins marqué que Dans la Forêt et d’autres romans présentés sur cette page.
Un été prodigue de Barbara Kingsolver
J’ai découvert Barbara Kingslover grâce à mon club de lecture en 2024, et je suis étonnée de ne pas avoir entendu parler d’elle avant compte-tenu de ses thématiques traitées : l’écologie et la justice sociale. Un été prodigue est un récit autour de trois femmes, toutes reliées d’une certaine façon au vivant. J’ai aimé les descriptions des paysages, de la faune et de la flore, ainsi que la dimension historique sur l’évolution des cultures agricoles. Ça m’a donné envie de lire d’autres romans de cette autrice !
Des récits éco-féministes
Encabanée, Sauvagines, Bivouac de Gabrielle Filteau-Chiba
J’ai découvert cette autrice avec un épisode du podcast Transfert « Gabrielle ou la vie dans les bois« . Elle y partageait sa décision de quitter la ville, pour se réfugier dans une cabane dans la forêt de la région de Kamouraska pendant plusieurs mois. Elle témoigne de sa vie plus proche de la nature, avec des conditions particulièrement difficiles pendant l’hiver. Dans cette cabane, elle a commencé à écrire son premier roman. J’ai adoré son témoignage et ça m’a donné envie de lire sa trilogie qui se passe au même endroit. Ces romans m’ont emportée dans son univers et dans son engagement écoféministe. J’ai tellement aimé ces récits d’amour, de résistance, de lien au vivant avec des personnages attachants.
Avec Encabanée, j’ai vécu en immersion dans la forêt et j’ai apprécié l’écriture à la fois poétique et crue de l’autrice. Sauvagines m’a scotchée par son intrigue, et la manière dont elle a été construite… Une lecture qui marque ! Bivouac apporte encore une autre dimension, par la lutte collective pour préserver la forêt. Ce dernier roman remet aussi de la conscience sur le respect de peuples autochtones.
Gabrielle Filteau-Chiba est clairement une grande autrice, avec une belle sensibilité, des engagements forts et un style d’écriture qui nous embarque. J’ai aussi aimé qu’elle soit attachée à la langue québécoise et qu’elle s’engage à préserver la forêt avec ses droits d’auteur. Je suivrai ses prochaines sorties !
Hexa de Gabrielle Filteau-Chiba
Hexa intègre tous les ingrédients qui avaient fait la beauté de la trilogie, avec en plus une plus grande maturité dans l’écriture. Gabrielle Filteau-Chiba nous plonge dans un monde dystopique sous surveillance et sur-équipé de technologie, tout en présentant une alternative possible. La diversité des points de vue est particulièrement intéressante, avec l’usage de pronoms différents. Un seul bémol : j’aurais aimé que l’histoire aille encore plus loin !
La maison aux sortilèges d’Emilia Hart
Ce premier roman honore la puissance des femmes et de la nature, tout en dénonçant aussi tout ce qu’on leur fait subir. On y suit la vie de trois femmes sur plusieurs siècles, avec plusieurs liens et la même recherche de liberté. Si je peux me permettre ce retour (peut-être un peu facile je l’accorde !), ce livre m’a complètement ensorcelé !
Sirènes d’Emilia Hart
Sirènes est aussi remuant que La Maison aux Sortilèges, par l’histoire des personnages, l’intrigue et les messages passés. C’est le type de récit qui donne envie de se réveiller pendant la nuit pour continuer la lecture (oui ça m’arrive je l’avoue !). On y retrouve de la puissance, de la sororité, un côté fantastique, et un beau lien à la mer…
Le lac magique de Yaël Cojot-Goldberg
Le lac magique met à l’honneur un rituel quotidien d’une baignade dans le lac entre femmes. J’ai aimé la magnifique couverture, la forme de simplicité du récit, et les liens avec notre corps, le féminin et le vivant.
D’autres romans qui nous questionnent
D’autres romans permettent aussi de nous questionner et de favoriser des prises de conscience sur des problématiques environnementales et sociales.
Collisions par temps calme de Stéphane Beauverger
Publiée à la maison d’édition La Volte, notamment connue pour les romans d’Alain Damasio, Collisions par temps calme est un court roman qui présente une société surveillée par un IA pour assurer « un confort pour l’humanité ». On suit les échanges et les perceptions de 2 protagonistes, Sylas et sa soeur Calie. Cette dernière souhaite s’émanciper et sortir du giron de l’IA pour des raisons qu’elle explique à son frère qui a du mal à l’accepter. Ce roman entre l’utopie et la dystopie permet de se questionner sur ce que nous souhaitons pour notre avenir et dans quelques conditions.
Intuitio de Laurent Gounelle
Les livres de Laurent Gounelle font partie des romans qui m’ont fait grandir depuis que je suis étudiante. J’étais ravie de voir un engagement plus prononcé de l’auteur dans Intuitio, à travers une enquête saisissante. Je n’en dis pas plus, à découvrir…
Les Étincelles de Julien Sandrel
Les romans de Julien Sandrel sont agréables à lire par le style et l’intrigue. Les Étincelles prend aussi la forme d’une enquête sur un sujet environnemental, je conseille pour une lecture plus facile !
La Reverdie de Louise Browaeys
J’ai été emportée par la poésie, l’intensité et la vulnérabilité de ce récit autour de la couleur verte et bien plus encore…. Ce « livre-cabane » m’a apporté le même réconfort que l’essai de Corinne Morel Darleux « Plutôt couler en beauté que flotter sans grâce ».
Les nouveaux imaginaires passent par la culture et cela donne beaucoup d’espoir de voir de plus en plus de romans utopiques et sur les sujets de transitions !
Et vous, quels sont vos romans préférés sur les nouveaux récits ?