Les imaginaires ont un rôle clé dans la transition. En effet, nos représentations et nos perceptions peuvent nous encourager à changer durablement nos pratiques.

La définition des imaginaires 

Pour moi, les imaginaires correspondent aux représentations et à notre rapport au monde. Ils représentent l’ensemble des codes sociaux, des normes sociales, des représentations du monde véhiculés par différents canaux (art, culture, éducation, Histoire, publicité, médias…).

Dans son hors-série dédié au sujet, Socialter donne la définition suivante : “L’imaginaire est produit par l’imagination et apparaît dans des représentations objectives, telles que le mythe, qui influencent nos représentations subjectives.” 

Les imaginaires dans l’histoire

L’Humain se distingue des autres espèces par sa capacité à se projeter dans le futur et à interpréter sa propre existence. Il y a 70 000 ans, l’Homo Sapiens a vécu une véritable révolution cognitive qui s’est traduit par la capacité à transmettre des informations et donc des récits. C’est grâce à cette faculté que nous avons pu coopérer en masse et en souplesse, avec un réseau d’histoires et de mythes de plus en plus complexes. Ce retour dans le passé permet de démontrer que nous n’avons pas besoin de changement génétique ou environnemental pour changer de comportements, mais plutôt de nouvelles fictions.

Tout au long de l’histoire, les imaginaires ont eu un rôle clé dans des moments décisifs. Nous pouvons par exemple citer les fameux discours “I Have a Dream” de Martin Luther King et “Yes We Can” de Barack Obama. Un exemple moins connu et qui mériterait pourtant de l’être : le discours de Louise Weiss pour la séance d’ouverture du Parlement Européen en 1979. Cette actrice du changement a fortement contribué à l’imaginaire de l’Europe en insistant sur la nécessité de créer une culture commune. Elle s’est également engagé pour le droit de vote des femmes en France.

Les enjeux des nouveaux imaginaires 

Les imaginaires sont essentiels dans la transition actuelle. En effet, la manière dont on perçoit notre vie et ce qui nous entoure va influencer nos décisions et comportements. Pour expliquer le rôle des nouveaux imaginaires, qui de mieux qu’Alain Damasio, écrivain de sciences fictions ? Pour lui, les imaginaires interrogent sur notre condition : “Quel sapiens voulons-nous devenir ? Quel équilibre viser entre la technologie et le vivant ?”.

Les exercices de prospective font d’ailleurs apparaître des visions différentes de l’avenir. L’étude de l’ADEME “Transition(s) 2050” a par exemple développé 4 scénarios : Générations frugales ; Coopérations territoriales ; Technologies vertes ; Pari réparateur.

Malheureusement la plupart des récits de notre société actuelle véhicule des valeurs contraires aux enjeux de transition : des ressources illimitées et le besoin de se développer en permanence, l’individualisme et la compétition, la séparation avec la vivant, le matérialisme et le progrès technique…

Comment créer des récits différents ? 

Il est donc temps d’inventer de nouveaux récits ! Il est possible d’observer une évolution actuelle des imaginaires. On parle même de “lutte des imaginaires”. Certaines habitudes qui semblaient normales il y a quelques années sont questionnées, voire dénoncées.

Pour autant, la transition est encore parfois perçue comme un “retour en arrière”. En effet, nous avons tous en tête des expressions péjoratives utilisées pour décrédibiliser ceux qui veulent faire bouger les lignes. 

Alors comment dessiner des futurs souhaitables, désirables ? Toujours pour citer Alain Damasio : “Si on parle de renaissances, ça change déjà quelque chose”.

Les imaginaires consistent à changer notre rapport à soi, aux autres et au vivant. Il s’agit de se centrer sur ce qui compte vraiment pour nous, tout en respectant ceux qui nous entourent. Même si le terme de développement durable est de plus en plus galvaudé, sa définition a toujours du sens “Répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs.” Et dans la notion de générations, on peut l’élargir aussi à l’ensemble des êtres vivants. 

L’apparition des nouveaux imaginaires 

Ce sujet des nouveaux imaginaires est très traité par les acteurs de la transition. 

Cyril Dion cherche à partager de nouveaux imaginaires, notamment avec ses documentaires Demain et Animal. Julien Vidal, créateur du projet Ça commence par moi et du podcast 2030 Glorieuse, parle de “décloisonner nos habitudes”. Il a d’ailleurs créé le Voyage en 2030 Glorieuses pour “reprendre collectivement le pouvoir des imaginaires”. Sandrine et Yannick Roudaut ont aussi créé en 2013 leur propre maison d’édition La Mer Salée pour “semer des utopies, des désirs et des pistes pour un monde audacieux, au service des êtres et du vivant”.

Le site internet Futurs Proches a d’ailleurs classé les nouveaux imaginaires en 4 thématiques : sortir de la dystopie ; éviter aussi l’utopie ; ne pas se centrer uniquement sur la rationalité ; se donner de la puissance et du courage.

Je pourrais encore citer beaucoup d’autres références, que vous pouvez retrouver sur la page dédiée aux inspirations

Les nouveaux imaginaires dans l’accompagnement au changement

Selon moi, les nouveaux imaginaires ont un rôle clé dans la transition, que ce soit à l’échelle des individus, des structures et des sociétés. Diffuser des nouveaux récits permettra d’atteindre le point de bascule pour que les pratiques compatibles avec les enjeux sociaux et environnementaux deviennent la norme. Pour citer également Corinne Darleux Morel, “nous avons aussi besoin d’alimenter notre cerveau de constructions intellectuelles nouvelles : la partie consacrée aux informations est gavée, les sens relèvent de l’intimité, il faut donc nourrir la puissance d’agir de nouvelles sources d’inspiration pour se reconstruire un horizon.”

En tant que consultante sur les projets de transition et RSE, je m’inspire des nouveaux imaginaires pour faire émerger une vision commune et donner envie aux équipes de s’engager pour rendre cette projection positive concrète. Ces méthodes peuvent s’appliquer pour rendre vivante une démarche RSE ou une raison d’être, ou bien pour co-construire un projet qui nécessite un accompagnement au changement.

Avec les imaginaires, il est plus facile de s’extraire de notre réalité pour dessiner un autre avenir réaliste mais aussi plus enthousiasmant. Je vous propose donc des ateliers, des conférences et des formations pour intégrer les récits dans vos projets de transition !

Sources :